Alter eco versus Max Havelaar
Trois questions à Tristan Lecomte, PDG d'Alter eco, marque de commerce équitable présente en grande distribution :
Vos relations avec les petits producteurs ont t-elles évolué ces dernières années ?
Les petits producteurs sont beaucoup plus émancipés, négocient avec nous avec plus de dureté, ce qui est un excellent signe de bonne santé, mais ils continuent à vivre dans des conditions précaires, donc il faut continuer à acheter du commerce équitable car on en verra vraiment les fruits dans 10-15 ans, c'est une démarche de long terme.
Que pensez vous du label Max Havelaar ?
On pense que leurs standards ne sont pas suffisants aujourd'hui pour un certain nombre de produits. Nous on cherche des standards plus vertueux, mais il n'en existe pas, donc Max Havelaar, c'est le moins mauvais des labels. Mais ce qui nous fait peur c'est sa faible résistance vis à vis des industriels et des traders qui cherchent à faire baisser les prix. Aujourd'hui, Alter eco achète en moyenne les produits 48 % plus chers que les standards minimum Max Havelaar.
Comment le consommateur peut-il faire son choix dans ce contexte ?
Il doit envoyer un message clair à Max Havelaar et à tous les acteurs, afin de leur dire qu'il a besoin de produits exigeants en terme de garantie sociale et environnementale, en terme de qualité aussi.
Si les produits du commerce équitable sont décrédibilisés, les ventes vont décliner, c'est la sanction du marché, c'est pour cela qu'Alter eco cherche à apporter des garanties supplémentaires, car si un jour, on n'apporte pas une vraie différence par rapport au marché, on ne sert à rien.
Alter eco en chiffres :
15 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2009, soit une progression de 7 % par rapport à 2008.
Société rentable qui a dégagé en 2009 un résultat de 200 000 euros.
Environ 50 salariés
Alter eco commercialise une centaine de produits qui viennent de 60 groupes de petits producteurs dans 30 pays différents. Et des producteurs extrêmement défavorisés qui gagnent entre 50 et 500 euros par an.